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MARIE SCHILL : Et si l’on pouvait atteindre une forme de sagesse climatique…

C’est en 2022 que Marie Schill intègre l’Université Jean Monnet de Saint-Étienne après sa réussite au concours de Professeur des Universités. Stéphanoise depuis peu, cette Lilloise d’origine a un parcours assez original dans le domaine de la recherche.
Au départ, rien ne destine Marie à la recherche universitaire. Intéressée par l’agro-alimentaire et l’environnement, elle se dirige vers des études d’ingénieur en agro-alimentaire à l’ISA (Institut Supérieur de l’Agriculture) de Lille avec la spécialité innovation produit et marketing.

« J’ai fini mes études d’ingénieur en agro-alimentaire, agriculture et environnement assez jeune, à 22 ans » explique-t-elle. Elle commence sa carrière avec une première expérience formatrice pour l’entreprise Socopa (transformation de viande). Voulant rajouter une dimension financière à son parcours, elle intègre ensuite le domaine bancaire avec une expérience de chargée d’Affaires au Crédit Agricole du Nord Est.
Cela pourrait s’arrêter là, au moins pour un petit moment, mais Marie se rend rapidement compte qu’elle ne s’épanouit pas dans cette voie. A 26 ans, elle reprend ses études en s’inscrivant dans un Master Recherche avant de poursuivre avec un Doctorat en Sciences de Gestion sur la thématique du « tri des déchets dans les familles », à l’Université de Lille.
En parallèle du doctorat, elle démarre un contrat d’assistante de recherche et d’enseignement à NEOMA Business School de Reims. Travaillant sur des thématiques de développement durable et consommation responsable, elle est également chargée de cours.

En 2015, elle devient Maître de Conférences à l’Université de Reims et obtient sont Habilitation à Diriger des Recherches en 2020 sur la thématique « Contributions à l’étude des comportements pro-environnementaux : Une approche par l’engagement ». En 2022, sa réussite au Concours National de l’Agrégation en Sciences de Gestion lui permet d’intégrer l’IAE de Saint-Étienne et son laboratoire associé Coactis, sur un poste de Professeur des Universités.
La réussite professionnelle, dans la carrière universitaire notamment, a souvent un impact fort sur la vie de famille. Mariée et mère de trois enfants, c’est toute la famille qui doit suivre et adopter un nouveau lieu de vie. « Originaire de Lille, je me suis installée à Reims à 20 ans, à Saint-Étienne à 40 ans… je me dirige vers le sud, peut-être Marseille à 60 ans » plaisante Marie.

Malgré un emploi du temps bien rempli, Marie s’accorde du temps pour l’une de ses passions : le sport. Natation, tennis, marche sont autant d’activités qu’elle aime pratiquer régulièrement. « J’aime la randonnée, marcher. Marcher c’est important car les idées circulent en même temps, cela m’aide à la réflexion ».
Lors de son entrée en doctorat, Marie participe aux activités de l’AFM (Association Française du Marketing). D’abord adhérente de l’association, elle a ensuite été chargée de mission pour le programme de publication Booster, avant d’être nommée Vice-Présidente de la Commission Développement Professionnel en juin 2024.
Si Marie a collaboré avec de nombreuses personnes dans sa carrière, deux femmes ont eu un impact important dans sa recherche. Sa directrice de thèse, Marie-Hélène Fosse-Gomez « une femme intelligente, avec une très belle réflexion dont la présence a été déterminante dans mon parcours » et Margaret Hogg « une femme profondément gentille et bienveillante, avec de grandes qualités humaines, positive et généreuse ».

Curieuse, rigoureuse, généreuse, Marie a également vite trouvé sa place au sein de l’IAE et de Coactis. En charge de la coordination de la Licence, une mission particulièrement complexe, elle prend à bras le corps ce défi, s’appuyant sur ses collègues et sur son expérience professionnelle. « Lorsque je suis arrivée, j’ai ressenti une grosse marque de confiance avec cette responsabilité, mais au début cela n’a pas été facile. Je me demandais par quel bout j’allais commencer puis j’ai progressivement trouvé mon rythme ». A l’écoute, elle met en place le Jeudi de la Licence, un moment d’échange pour discuter des problématiques en lien avec ce diplôme.

Marie a su faire sa place en formation comme en recherche. « J’ai été bien accueillie à Coactis. J’apprécie beaucoup ce laboratoire qui se partage entre Lyon et Saint-Étienne. Je trouve que cela permet une ouverture d’esprit. On rencontre d’autres collègues, d’autres fonctionnements ». « L’avantage en recherche c’est qu’il y a toujours de nouvelles choses qui apparaissent, on peut monter régulièrement de nouveaux projets, et j’aime pouvoir être autonome dans mon travail, c’est plaisant », confie Marie.
Et des projets, il y en a !

Avec le projet « émotions et changement climatique » (études qualitatives et quantitatives longitudinales) il s’agit de comprendre si la distance vis-à-vis du changement climatique évolue et comment les émotions évoluent. Si les émotions (ou réactions affectives) négatives ont déjà été bien étudiées, il y a encore peu de recherches sur les émotions positives (fierté, contentement à agir).

De même il est rare d’interroger les enfants dans la recherche en sciences de gestion. Dans le cadre de son projet de recherche actuel sur la « sagesse climatique », Marie a souhaité intégrer les enfants (à partir de l’âge de 7 ans). « J’ai toujours eu un intérêt vis-à-vis des enfants et des problématiques en lien avec la famille, et notamment la consommation environnementale au sein des familles » révèle Marie. « Cela s’explique par mes centres d’intérêts mais aussi par le fait que j’ai été maman assez jeune, à 23 ans ».
Mais que veut-on dire par sagesse climatique ? En tant que consommateur, nous prenons en compte dans la question environnementale nos propres intérêts, les intérêts des autres et ceux de l’environnement. Si nous parvenons à trouver un équilibre entre ces différents éléments, nous atteignons une forme de sagesse climatique, une forme de bien-être à agir pour l’environnement.

En parallèle de ces deux projets, Marie travaille ou a travaillé sur des thématiques comme les objets connectés dédiés à l’environnement « On a été assez loin avec ce projet-là, puisque l’on a été article finalistes du prix académique de la recherche en management 2020 FNEGE-SYNTEC ».
Le lien entre RSE et hypermarchés, supermarchés et grands magasins (l’argument Responsabilité Sociétale des Entreprises est-il pertinent pour les consommateurs ?), et la question du luxe durable font également partie des projets actuels.
De plus, Marie collabore à un projet sur l’excellence dans la formation professionnelle dans les métiers d’art par le biais de deux codirections de thèse dans une approche pluridisciplinaire avec les sciences du design (laboratoire ECLLA).

Enfin, en lien avec l’École des Mines de Saint-Étienne, Marie travaille sur un projet de « vaisselle comestible ». C’est ce projet qu’elle viendra expliquer au grand public lors de la Nuit de la Recherche le 4 octobre 2024. « Toute ma recherche est orientée vers la société, il est donc naturel de participer à ce type d’événements grand public ».

Rdv est donné. Pour en savoir plus, retrouvez Marie Schill au Musée de la Mine de Saint-Étienne pour la Nuit de la Recherche

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