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ALEXIS CATANZARO : L’entrepreneuriat, une affaire de famille

Si son accent montpelliérain s’est un peu perdu, c’est bien de cette belle ville d’Occitanie qu’Alexis Catanzaro, professeur des universités en sciences de gestion et du management à l’IAE de Saint-Étienne et directeur du laboratoire Coactis Saint-Étienne, est originaire.

Issue d’une famille d’entrepreneurs (grand-parents, père,oncles, sœur) dans différentes activités, Alexis a toujours évolué dans un environnement d’entreprise. « Mon père avait une partie de son activité à la maison, moi j’allais dans son entreprise pendant les vacances » confie-t-il.
Mais s’il partage avec sa famille cette sensibilité au monde de l’entreprise, il va cependant prendre un chemin un peu différent. Il ne sera pas celui qui entreprend, mais celui qui étudie, comprend et accompagne les entrepreneurs en France et à l’international. « Durant mes études, j’ai découvert cette dimension internationale avec mes cours. Cette orientation me parlait. Je suis international dans mon état d’esprit, j’aime beaucoup voyager, rencontrer de nouvelles personnes, de nouvelles cultures ». D’autant que l’entreprise familiale est également très internationalisée faisant 60% de son chiffre d’affaire à l’export. C’est donc assez naturellement qu’il va se diriger dans un parcours mêlant accompagnement entrepreneurial et international. « Durant mes études, j’ai fait un stage dans le meilleur incubateur mondial, basé à Montpellier, qui accompagne de manière très efficace des entreprises à fort potentiel. C’est là que je me suis dit que la dimension accompagnement était celle qui m’intéressait le plus et notamment l’accompagnement à l’international. »

Licence de commerce international et Master Management International des PME en poche, il décide de poursuivre par un Doctorat en entrepreneuriat international. Autrement dit, étudier la manière dont les jeunes entreprises, les start-ups, les petites structures, parviennent malgré leurs petites tailles, leur jeunesse, leurs ressources limitées à s’internationaliser, à se développer dans de multiples marchés simultanément et comment les accompagner pour réussir dans cette stratégie.
Une personne a eu un rôle important à jouer sur ces années-là : son directeur de thèse, Karim Messeghem, professeur en gestion à l’université de Montpellier. « C’est l’expert français sur le sujet de l’accompagnement des entreprises », explique Alexis. « Il m’a beaucoup apporté, et a su me guider lors des stages, mémoires et surtout durant mon doctorat en me poussant vers une forme d’excellence, m’incitant à viser des standards internationaux ».

Alexis soutien sa thèse en décembre 2014 et est recruté en tant que Maître de Conférences au sein de l’IAE de Saint-Étienne (Université Jean Monnet) à la rentrée 2015. Il se souvient d’une arrivée dans d’excellentes conditions, prenant la direction du Master Entrepreneuriat avant d’avoir d’autres responsabilités comme la Licence en anglais ou bien encore la mission “international” de l’IAE. « Ce que j’aime le plus, c’est voir évoluer l’intérêt de certains de mes étudiants sur des sujets travaillés en cours. Les voir se questionner, vouloir creuser le sujet, … ».
En parallèle de l’enseignement, il s’investit quelques années dans le projet BEELYS, pour accompagner les étudiants entrepreneurs.

Côté recherche, il se sent soutenu dans les projets qu’il mène au sein du laboratoire Coactis. Il prend la responsabilité de l’un des axes de recherche avant d’être élu directeur de Coactis Saint-Étienne en septembre 2023.
« En tant que directeur, mon objectif premier, c’est que les gens dans le labo se sentent bien, qu’ils aient envie de venir travailler. J’ai envie de prendre soin d’eux. Je ne me vois pas comme celui qui pense la stratégie du labo et pousse les collègues à mettre en place de nouveaux projets et publier plus. Je sais que mes collègues vont le faire par eux-mêmes, je travaille avec des gens brillants » explique-t-il.

2019, une année charnière

« Vers 2019, j’ai eu l’envie de repositionner un peu mes activités de recherche vers des sujets en lien avec la transition écologique, des sujets plus alignés avec mes convictions, porteurs de sens. J’ai même commencé à avoir une forme de conflit intérieur entre mon sujet historique sur le développement à l’international, la croissance, l’hyper croissance et ces convictions-là ». Alexis s’intéresse alors à l’anthropocène et la question de l’effondrement sociétal que certains prédisent comme étant l’avenir qui nous attend si l’on ne change pas de manière radicale.
Et c’est un sujet plutôt compliqué à appréhender en science de gestion, une discipline se caractérisant par l’action, à plus ou moins court terme, dans les organisations. Il s’agit de prospective lorsqu’il est question d’effondrement sociétal potentiel et d’effet de nos activités sur la biosphère à l’horizon 2040, 2050 ou bien encore 2100. Comment les entreprises réagissent-elles face à ce scenario ? Comment se sentent-elles d’évoluer pour s’adapter à ce nouveau monde ? Quels sont les verrous, les tensions, les paradoxes que cela fait émerger ? Dans quelles mesures cela remet en cause leur business model, leur activité, leur avenir ? Autant de questions qui font l’objet de la recherche actuelle d’Alexis.

Un sujet de recherche, oui, mais aussi une manière de pouvoir contribuer à son niveau à la question environnementale sur les décennies à venir. Une conviction personnelle, qu’il applique également dans sa vie de tous les jours : « Lorsque nous avons acheté notre maison, nous avons refait l’isolation, installé des panneaux solaires, créé un potager, mis un composteur et une cuve de récupération des eaux pluviales » précise Alexis.
D’ailleurs c’est également en 2019 qu’il co-fonde l’entreprise « Care Eat », un label anti-gaspillage à destination des professionnels des métiers de la restauration leur permettant d’évoluer dans leur pratique de gestion des denrées alimentaires et de se positionner sur une sorte de niveau d’engagement anti-gaspillage.
Et Alexis en est convaincu. Si le consommateur change ses pratiques dans une perspective bénéfique pour notre planète, les entreprises suivront puis les gouvernements. « Les entreprises sont le bras armé de l’économie, les décideurs ne peuvent pas faire sans elles. En tant que chercheur nous avons une responsabilité vis-à-vis de la société. Nous apportons des éléments de réflexion, partageons nos idées au travers d’ouvrages, d’articles, avec les entreprises, les structures d’accompagnement que nous rencontrons et progressivement cela pourra faire évoluer les choses dans le bon sens ».

Cette réflexion, il sera heureux de la partager avec le public de la Nuit de la Recherche du 4 octobre 2024 au Musée de la Mine de Saint-Étienne. « Après cet événement, les gens auront peut-être une vision différente de leur métier, de leur entreprise, ce serait génial ! »

Vous souhaitez en savoir plus? Rdv le 4 octobre à partir de 18h !

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