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Les entreprises face aux limites de la planète : vers un management stratégique par la sensibilité à la Nature »

La crise écologique est désormais une réalité concrète : pénurie de ressources, dérèglement climatique, disparition du vivant… Ces bouleversements touchent aussi directement les entreprises, de plus en plus dépendantes de ressources naturelles devenues rares et qui les place dans un contexte d’incertitude.
C’est à cette question que s’intéresse Manon Lambert, chercheuse au sein de Coactis et qui a récemment soutenu une thèse sur le sujet.

La crise écologique, nouveau défi stratégique des entreprises

La rareté croissante des ressources naturelles transforme en profondeur le quotidien des entreprises. L’eau devient plus difficile d’accès, l’énergie coûte plus cher, certaines matières premières viennent à manquer. Cette situation accroît leur dépendance à la Nature et crée une incertitude économique inédite.

Autrement dit, la performance des entreprises ne dépend plus seulement de leur organisation interne ou des marchés financiers, mais de plus en plus de la bonne santé des écosystèmes.
Face à ces défis, les entreprises sont nombreuses à afficher des engagements environnementaux : baisse des émissions, recyclage, écoconception, neutralité carbone. Ces démarches relèvent pour l’essentiel de ce que l’on appelle la durabilité “faible”.

Elles permettent de limiter certains impacts, mais sans remettre en question le cœur du modèle économique. Or, malgré ces efforts, les indicateurs écologiques continuent de se dégrader. Ce paradoxe pose une question dérangeante : et si ces stratégies n’étaient tout simplement pas suffisantes ?

La durabilité forte propose une rupture. Elle repose sur un principe simple : le capital naturel, l’eau, les sols, le climat, la biodiversité n’est pas remplaçable. On ne peut pas compenser indéfiniment sa destruction par de la technologie ou de l’argent.

Cela implique de reconnaître l’existence de limites écologiques à ne pas dépasser et d’adopter une vision plus écocentrée du monde, dans laquelle l’économie devient dépendante du vivant, et non l’inverse.

Vers un management stratégique par la « sensibilité à la Nature »

Ce changement de regard conduit à repenser en profondeur le management des entreprises. Un nouveau cadre émerge : le management stratégique fondé sur la “sensibilité à la Nature”.

Concrètement, cela signifie : redéfinir les objectifs stratégiques, au-delà du seul profit, repenser les frontières de l’entreprise, en intégrant les acteurs des territoires, transformer la gouvernance, pour mieux prendre en compte les enjeux écologiques. La Nature n’est plus seulement une ressource, elle devient une référence pour la décision stratégique étant considérée comme une méta-partie prenante.

Cette transformation est déjà visible dans certains territoires. Dans plusieurs Réserves de biosphère françaises, des réseaux d’entreprises, d’associations et de collectivités expérimentent des modèles fondés sur la coopération, le respect des écosystèmes et les limites du vivant. Leur fonctionnement s’inscrit clairement dans une logique de durabilité forte.

À l’inverse, l’étude d’une entreprise du secteur minier, pourtant en lien direct avec la Nature, illustre encore les limites de la durabilité faible. Malgré des efforts environnementaux, la logique d’extraction et de performance économique reste dominante.

Un tournant historique pour les entreprises :

Aujourd’hui, les entreprises sont à la croisée des chemins. Continuer à aménager à la marge des modèles fondés sur l’exploitation du vivant ne suffira plus. La transition vers une durabilité forte suppose une véritable transformation stratégique, mais elle représente aussi une opportunité : celle de construire des entreprises plus résilientes, plus responsables et mieux ancrées dans leurs territoires.

Car une chose est désormais certaine : l’économie de demain ne pourra pas prospérer sur une planète en déclin.

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